Détail d'une partition de la partithèque du M'O+

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Titre Ausgewählte Werke für Tasteninstrumente. III
Compositeur Cabezon, Antonio de
Opus
Année de composition
Éditeur(s) scientifique(s) Miguel Bernal Ripoll
Éditeur Bärenreiter
Numéro d'édition BA 9263
Année de l'édition 2010
ISMN 979-0-006-52923-0
Site de l'éditeur http://www.baerenreiter.com
Nombre de pages XXVII + 84 (72)
Date de réception au M'O 15/04/2011
CommentaireReportez-vous à P_3777 pour la description de l'ensemble des compositions pour orgue de Antonio de Cabezón et à P_3778 pour les éditions modernes de son œuvre. Sous la présente référence, nous discuterons les quatre volumes de l'édition Bärenreiter, alors que la publication espagnole parue la même année est commentée sous P_0119. Une synthèse comparative des deux éditions vous est présentée sous P_3780.

Avant tout, étonnons-nous de l'idée de publier quatre volumes d'une sélection de la moitié (67 pièces sur 138, voyez P_3777) de l'œuvre du compositeur. Outre la question de savoir si deux éditions simultanées de la même musique s'imposaient, cela pose évidemment la question du choix: comment et pourquoi a-t-on éliminé une pièce sur deux? La distribution dans les quatre volumes n'est pas faite pour simplifier la vie de qui voudrait comprendre l'organisation de l'ensemble. Pour aider ceux que cela pourrait intéresser, en voici le détail (qui aurait vraiment pu figurer dans la table générale, où il n'aurait pas été inutile d'indiquer aussi à quelle page se trouvent les pièces!): •  Volume I: Venegas 1, 16, 28, 29, 33, 43, 44, 96, 102, 110;
Obras 1-6, 16, 21, 26, 28
•  Volume II: Obras 36, 40, 42, 45, 50, 51, 60, 62-66, 68, 39
•  Volume III: Venegas 119, 5, 121; Obras 70, 71, 74-78, 83-87, 95, 96
•  Volume IV: Obras 88, 100, 101, 103, 107, 105, 108, 117-124, 127
Chacun des quatre volumes est précédé de la même introduction de 28 pages (en allemand et en anglais), ce qui fait en tout plus qu'un volume entier de ces quatre livres... L'introduction situe d'abord l'entreprise, avant de donner la biographie de l'auteur et de décrire son œuvre, sans fournir la liste des différents exemplaires des deux sources imprimées, mais en évoquant quelques copies manuscrites. On touche ensuite à la tablature et à la tradition de Cabezón. Le chapitre final est consacré aux pratiques d'interprétation: problèmes de métrique, doigtés, ornements et gloses, musica ficta, instrument et registration, avec la composition de deux orgues: la collégiale de Valladolid (Maestro Eloy, 1555) et Santa Maria del Mar de Barcelone. L'ensemble est couronné par deux fac-similés: la page de titre du livre de Venegas et celle des Obras. Dans le premier volume, on reçoit en prime par le folio 66v de la tablature de Venegas et le folio 189r des Obras. Allez savoir pourquoi dans les trois autres volumes, cette page XXVIII est laissée blanche?
Le texte musical est élégamment gravé, ni trop serré, ni trop large. Les tournes sont mal prises en compte, en particulier dans les pièces en versets, où on aurait pu les éviter totalement. On appréciera la donnée des textes grégoriens après les pièces basées sur une mélodie liturgique. Il en est de même pour les pièces polyphoniques glosées et quatre des sept Diferencias. Les auteurs proposent un bon nombre d'altérations en petits caractères, qui ont généralement pour but de «tonaliser» cette musique modale. On aurait préféré que ces suggestions soient plus discrètes, présentées par exemple en complément dans l'appareil critique.
À en juger par le collationnement fait entre les pièces du premier volume tirées des Obras avec le fac-similé de l'édition originale, on se prend à mettre en doute la rigueur des éditeurs. Dans la première pièce, Duo para principiantes [1] par exemple: s'agissant d'une pièce à deux voix, il n'est pas judicieux de faire passer la main droite sur la portée de la main gauche (mesures 15 à 20) et il est tout à fait redondant de l'indiquer par un trait pointillé. Qui plus est, placer des pauses sur la portée supérieure revient en quelque sorte à écrire ces mesures... à trois voix!
•  Mesures 35 à 40: la main droite est écrite une octave trop haut. La tablature est à cet égard d'une clarté absolue: les chiffres ne sont pas suivis du point qui indiquerait leur appartenance à la troisième octave.
•  Mesure 56 à la basse et mesure 71 au soprano, il s'agit clairement d'une ronde et non d'une blanche suivie d'un silence. Ce qui perturbe l'observateur, c'est que ces quatre erreurs se trouvent également dans l'ancienne édition Pedrell/Anglés... Le soupçon se confirme dans les pièces qui suivent: on ne m'interdira pas de croire que la base du travail de Doderer et Ripoll est cette ancienne édition, car dans les pièces qui suivent, les écarts suivants s'y trouvent tous également:
•  Page 36 (pièce [2]): blanche et silence au lieu de ronde, mesures 21 et 31 à la main gauche.
•  Page 40 (pièce 4]): la deuxième noire de la main droite est la, pas si.
•  Page 41 (pièce [5]): liaisons absentes de l'édition originale, mesures 3 et 9.
•  Page 44 (pièce [6]): ajout de quatre doubles croches en lieu et place de deux croches sur le quatrième temps de la mesure 40. Cette proposition de Pedrell/Anglés se justifie peut-être par analogie avec les mesures 56 et 58.
•  Page 53 (pièce [26c]: l'édition originale donne la, quatrième croche de la basse à la mesure 46. Nos auteurs, toujours comme Pedrell/Anglés écrivent fa, ce qui donne des octaves parallèles avec le soprano!
•  Page 54 (pièce [26/d]): la tablature ne laisse aucun doute au ténor de la première mesure: il s'agit d'une blanche pointée suivie de quatre doubles croches et non d'une blanche suivie de quatre croches.
•  Page 55 (pièce [28/a]): l'accord final est fa/la/do/fa, pas a/fa/la/fa.
•  Enfin, page 57 (pièce [28/c]): mesure 59: liaison à l'alto absente de la tablature. Parfois, nos éditeurs s'affranchissent de Pedrell/Anglés pour commettre des erreurs bien à eux: page 39 (pièce [4]) par exemple, il ne fallait pas mettre la liaison en pointillés: elle se trouve bien dans l'édition originale.
Douze problèmes, pour dix pièces, n'est-ce pas trop pour une édition «compiled with great care»?
La rigueur n'est pas au rendez-vous non plus en ce qui concerne les titres, en particulier dans les Versos (pièces [16] et [21]) et les Fabordones (pièces [26] et [28]), où j'ai peine à comprendre l'élimination des titres de versets originaux en espagnol et leur remplacement par des traductions entre crochets, allemand/anglais. Un seul exemple: pièce [16/b], page 47, la tablature donne: Canto llano contralto, qui devient: [2. Cantus firmus im Alt / in contralto]. Un point positif: l'adjonction, toujours entre crochets comme il se doit, des titres des versets de Magnificat. Mais pourquoi la célèbre Pavana con su glosa (volume III, page 8) est-elle ici rebaptisée Pavana glosada?
Une pièce du volume II (le Tiento del tercero tono ([63], ici 29) se distingue, par les références nombreuses dans l'appareil critique: c'est que les auteurs citent une source secondaire, le «codex Bourdeney» de la Bibliothèque nationale de France à Paris. 34 variantes sont énumérées, dont deux sont importantes: les mesures 6 et 114-124 de la présente édition ne sont pas dans les Obras. On aurait dû indiquer cela par des crochets autour de ces mesures, car aucun signe dans la partition n'indique le fait à l'interprète, qui n'a pas forcément le réflexe de se reporter systématiquement à l'appareil critique. On aurait pu aussi, dans ces circonstances exceptionnelles, donner la transcription des Obras telle quelle, et la doubler par celle de ce codex.

Le point fort de cette édition est l'élégance de la gravure et le prix (29,95 euros par volume, 110 euros pour les quatre). Par contre, il faut regretter le fait qu'il ne s'agisse que d'une sélection, et la rigueur du travail musicologique de transcription est loin d'être à l'abri de tout soupçon.

Date du commentaire14/03/2013
  
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