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Coeur

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Titre du CD Ugab N°1: Cintegabelle
Interprète(s) Yves Rechsteiner (CH)
Éditeur Alpha
Numéro d'édition 650
Site de l'éditeur http://www.alpha-prod.com
Format audio SACD DSD
Date d'enregistrement X 2008
Minutage total 77:34
Date de réception au M'O 18/02/2010
Livret 71 pages + 4 pages de Digipack (F, GB); photo(s) de l'instrument: 13, composition, pas de registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Cintegabelle, FR, Église Sainte-Vierge de la Nativité
Compositeur(s) Jean-Philippe Rameau
Descriptif orgue(s)Cintegabelle, FR, Église Sainte-Vierge de la Nativité
Moucherel (?) (FR) 1742/Boisseau & Cattiaux (F) 1989. III/34
Accord orgue(s)535 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeJean-Philippe Rameau
NB: les correspondances avec l'édition Chant du Monde [P_3680, 3681, 3682] figurent entre crochets: [cahier en chiffres romains/page en chiffres arabes]

1. Les Indes Galantes: Ouverture (Prologue) [I/2]
2. Platée: Musette en Quatuor (Acte III, scène 6) [II/8]
3. Zoroastre: Menuet en Trio, Second Menuet en Duo (Acte II) [II/6]
4. Platée: Tambourin (Acte I, scène 6) [II/14]
5. Platée: Chœur en rondeau (Acte III, scène 8) [II/22]
6. Zoroastre: Air dans le goût de la Romance (Acte I) [II/13]
7. Hippolyte et Aricie: Tambourins (Acte III) [II/10]
8. Les Indes Galantes: Danse des Sauvages, dans le goût du concerto (Quatrième Entrée) [I/20]
9. Les Boréades: Entrée (Acte IV, scène 4) [deest]
10. Platée: Menuet dans le goût de la vièle (Acte II, scène 8) [II/44]
11. Les Indes Galantes: Air vif pour Zéphir et les Fleurs (Troisième Entrée) [I/38]
12. Les Indes Galantes: Tendre Amour, chœur de voix humaines (Troisième Entrée) [I/36]
13. Dardanus: Rigaudon (Acte III, scène 3) [II/36]
14. Dardanus: Prélude (Acte III, scène 1) [III/41, et non 39]
15. Hippolyte et Aricie: Fughette (Acte III, scène 1) [II/33]
16. Hippolyte et Aricie: Tempête (Acte I, scène 4) [deest]
17. Castor et Pollux: Air «Tristes apprêts» (Acte I, scène 3) [deest]
18. Zoroastre: Sarabande en trio (Acte I) [III/17]
19. Dardanus: Air tendre sur les flûtes (Prologue) [III/30]
20 (et non 21!). Les Fêtes d'Hébé: Tambourin en duo, (Troisième Entrée, scène 7) [III/34, et non 32]
21 (et non 20!). Les Indes Galantes: Gavotte (Troisième Entrée) [III/42, et non 40]
22. Les Indes Galantes: Tierce en taille, air en récit, trio et duo (Deuxième Entrée) [III/21]
23. Les Indes Galantes: Chaconne (Quatrième Entrée) [I/19]

CommentaireIl existait déjà un CD comportant une douzaine de transcriptions de pièces de Rameau sur le même orgue de Cintegabelle: on lisait dans M'O 57/27 le compte rendu du CD Pavane 7421, enregistré par Franck Besingrand, dans des conditions d'enregistrement si peu satisfaisantes que nous ne le reproduirons pas dans les pages électroniques du M'O+. Plus anciens encore et présentés ensemble dans le M'O 42/08 d'octobre 1999, le CD enregistré à Albi par Jean-Paul Lécot, entièrement consacré à Rameau (CD Forlane 16765) et celui de Michel Alabau, à l'orgue de Saint-Maximin (Tempéraments 616009). Cette nouvelle réalisation se distingue dès son apparence de ces trois anciennes productions, et nous verrons dans un instant que son ramage est égal à son plumage...
Le plaisir commence dès qu'on dégage l'objet du film plastique qui l'entoure: d'un format plus «livre» que «CD», le digipack révèle un livret épais et d'un bon format, abondamment illustré de magnifiques photos en couleurs, prises par Jean-Paul Combet, directeur de cette belle production, qui dans son avant-propos définit les ambitions de la nouvelle collection en des termes qui valaient bien que l'on reproduise son texte ici (avec tous nos remerciements pour l'autorisation et la communication d'une version électronique):

Ugab... Drôle de nom pour une nouvelle collection d'enregistrements. On dit que c'est sous ce vocable qu'était désigné, dans la Bible, un des plus anciens instruments utilisé par les hommes pour faire de la musique: l'orgue. La réalité historique est contestable, mais c'est pour sa valeur symbolique que nous avons choisi de donner un tel titre, qui nous enracine au plus profond de notre passé, à cette série dont le but est de présenter à un large public des instruments exceptionnels.
Avant même de se faire entendre, l'orgue est beau. Architecture dans l'architecture, il occupe un espace qui n'est jamais neutre: lieux de culte (églises, temples, synagogues), salles de concert et théâtres, lieux de sociabilité (cinémas, grands magasins et même parfois des stades!). L'orgue est partout, mais nous ne savons plus le voir. Savons-nous encore entendre sa voix?
C'est au contact de cette beauté, souvent chargée de spiritualité, que vous invite la série Ugab. Vous y découvrirez les instruments et leur environnement dans leur dimension visuelle à travers de nombreuses photographies qui, nous l'espérons, vous feront rêver. Un soin particulier est apporté à la restitution sonore; la voix de l'orgue a ceci de particulier qu'elle se déploie dans un édifice et en occupe l'espace en étroite harmonie avec l'architecture qui l'abrite. Nous essayons d'en rendre compte en offrant au mélomane équipé d'un lecteur SACD la possibilité d'une écoute en multicanal, plus fidèle à la réalité que la restitution stéréophonique.
Qu'on ne s'attende pas à trouver ici des propos concernant l'aspect solennel et majestueux de l'orgue, mythifié comme «le roi des instruments». Nous parlerons plutôt de l'orgue des artisans, qui surent au fil du temps le faire évoluer, avec patience, amour et ingéniosité, à la fois comme machine et comme œuvre d'art. Dans ce sens je suis très heureux que la collection s'ouvre avec une musique totalement en accord avec ce point de vue puisque, dans son magnifique travail de transcriptions d'airs et danses tirés d'opéras de Rameau, Yves Rechsteiner s'inscrit lui aussi dans cette tradition artisanale et créative.
Nous espérons vivement que les amateurs d'orgue trouveront dans ce projet matière à satisfaire leur inaltérable curiosité. À titre personnel, je souhaite surtout que ce cheminement artistique aide à la découverte d'instruments magiques pour tous ceux qui ne les connaissent pas encore. J'aurai ainsi passé le relais, en souvenir de ceux qui m'ont fait percevoir, encore enfant, qu'un orgue est doté d'une personnalité propre, tout comme un humain.
Ce premier volume de la série est loin d'être parfait, nous en sommes conscients. Puissiez-vous en excuser les défauts (de jeunesse...) et nous accompagner dans cette nouvelle aventure éditoriale.
Le monde de l'orgue vit, bouge, innove. Allons à sa rencontre!
Jean-Paul Combet


On se remémore, en tenant en main cet objet, la série célèbre de Harmonia Mundi qui, dans les années 60 et 70, sous le titre «Orgues historiques», avait publié une série de disques/livres consacrés à une série d'instruments historiques européens. Un tout prochain compte rendu du M'O + sera d'ailleurs consacré à une réédition en six CD's de quelques-uns de ces enregistrements devenus historiques (CD_3448). L'un des rares désavantages du CD sur le LP, nous l'avons souvent souligné, réside dans la place réduite laissée à la documentation, condamnée à s'insérer dans le corset d'un livret carré de 12 cm, limité à très peu de pages. On a ici résolu le problème, en choisissant un format de 13,5 x 18,5 cm, et en collant dans le digipack (tellement plus élégant que le traditionnel boîtier plastique; avez-vous lu la chronique de février?) un cahier de 70 pages.
Le texte du livret est disposé sur deux colonnes: français à gauche, anglais à droite, ce qui donne une lecture un peu découpée, par des lignes très courtes, et fait perdre ici ou là de l'espace, une langue attendant que l'autre la rattrape. En trois [demi-] pages, Roland Pousse, président des Amis de l'Orgue de Cintegabelle situe l'orgue, l'église et son association. Puis c'est Yves Rechsteiner qui détaille son travail, dans un texte fouillé (32 pages) et illustré de très nombreux exemples musicaux: voici une fort intéressante contribution aux pratiques du XVIIIe et à leur remise à l'honneur en notre XXIe siècle. La partie consacrée à l'orgue est à côté de cela un peu réduite, et se résume à une composition détaillée sur une page. Sans entrer dans une technicité exagérée ou un maniérisme déplacé, donner les registrations utilisées répond au souhait d'un grand nombre d'amateurs d'orgues, soit la cible de Ugab!
Quant au CD, la première plage annonce la couleur: c'est magnifique, grand, d'une justesse absolue: justesse de ton de l'interprétation, des tempi, de l'ornementation, de la variété de l'inégalisation, du galbe des articulations, de la carrure du discours. Et aussi justesse à couper au couteau des anches resplendissante de cet orgue superbe. C'est grand dommage que les mixtures n'atteignent pas cette perfection, mais heureusement elles ne se font entendre qu'une seule fois, dans le Prélude de Dardanus, plage 14.
Mais le bonheur ne s'arrête pas à l'Ouverture des Indes galantes: dès la deuxième plage, la percussion intervient, soulignant avec sobriété et efficacité chaque intervention des fifres dans la Musette en quatuor transcrite de Platée. C'est avec un plaisir toujours renouvelé qu'on apprécie chaque intervention du percussionniste Henri-Charles Caget: sont-ce des castagnettes dans le Tambourin de la plage 4? L'effet est saisissant, et l'on retrouvera sans surprise la percussion dans le Tambourin de la plage 7, et celui de la plage 21 (erronément numérotée 20) ainsi que dans la Gavotte de la plage 20 (erronément, mais logiquement numérotée 21!). La discrétion amplifie l'effet: parfait, ce soulignement de timbales à l'extrême fin du Chœur en Rondeau de Platée! et remarquables, ces touches à peine sensibles, pour imiter le «zim-zim» de la vièle dans le Menuet de Platée! Le refrain de la Danse des Sauvages, est ponctué d'un discret tamtam, tandis que le rossignol et les oiseaux égaient Zéphir et les Fleurs. La palme va sans conteste à une formidable Tempête, digne des plus belles machineries d'opéra.
Surtout n'allez pas croire qu'il n'y en a que pour la percussion! Le talent de transcripteur d'Yves Rechsteiner a déjà été souligné (voyez la présentation des trois cahiers de ce Livre d'orgue de Rameau, P_3680, 3681 et 3682). Nous y ajouterons ici celui de l'interprète, déjà détaillé plus haut dans cet article. Son talent, joint aux sonorités raffinées de l'instrument font de très nombreuses plages de véritables moments d'exception.
La couverture porte la mention «N° 1 - février 2010»: espérons que le rythme de parution sera soutenu, souhaitons longue vie à cette nouvelle collection et saluons cette belle entrée en matière d'un grand, enthousiaste coup de cœur! La musique française se distingue par ce fameux bon goût, aussi difficile à cerner qu'à maîtriser. En l'occurrence, «bon» ne suffit pas. Parfait, admirable, merveilleux, supérieur, fameux, voire excellentissime conviennent mieux...

Un reportage de qualité sur cette production est disponible sur youtube. Pour le visionner, cliquez ici
Date du commentaire24/02/2010
  
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