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Titre du CD The complete keyboard works of Jan Pieterszoon Sweelinck
Interprète(s) Bernard Winsemius (NL), Peter van Dijk (NL), Freddy Eichelberger (FR), Leo van Doeselaar (NL), Bert Matter (NL), Vincent van Laar (NL), Stef Tuinstra (NL), Reinhard Jaud (AT), Liuwe Tamminga (NL), Pieter Dirksen (NL), Siebe Henstra (NL), Bob van Asperen (NL), Pieter-Jan Belder (NL), Menno van Delft (NL), Glen Wilson (US)
Éditeur NM Classics
Numéro d'édition 92119 (9 CD's)
Site de l'éditeur inconnu
Format audio DDD
Date d'enregistrement I (29-30 IX, 1 X 1999)
II (18-19 V, 1 XI 2000)
III (5 VI 1999, 18 VI 2000)
IV (2 VI 1999, 22-23 X 2000)
V (4 IV, 25 V 2000)
VI (24, 26, 29 V, 6 VI 2000)
VII (1-2 III, 27-28 VI 2001)
VIII (5-6 IV, 8-9 III 2001)
IX (26-27 III, 17-18 IV 01)
Minutage total I 76:24, II 51:31, III 74:49, IV 64:09
V 65:05, VI 69:16, VII 76:41, VIII 77:47
IX 72:46. Total: 10 heures 28:28
Date de réception au M'O 05/01/2011
Livret 218 pages (NL, GB, F, D, E); photo(s) de l'instrument: 12, composition, pas de registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Leiden, NL, Pieterskerk
Alkmaar, NL, Grote of St-Laurenskerk
Amsterdam, NL, Nieuwe Kerk
Cuijk, NL, St-Martinuskerk
Pistoia, IT, Prioria dello Spirito Santo
Innsbruck, AT, Hofkirche
Tangermünde, DE, St. Stephanskirche
Zutphen, NL, St. Walburgskerk
Norden, DE, Ludgerikirche
Pilsum, DE, Kreuzkirche
Wijk bij Duurstede, NL, Grote of St-Jan Baptistkerk
Blessum, NL, Hervormde Kerk
Sassenheim, NL, Hervormde Kerk
clavecin d'après Johannes Ruckers c1620, Sebastian Nuñez 1999
clavecin Johannes Ruckers 1640, Schloß Velen (DE)
clavecin d'après Andreas Ruckers 1637, Herwil van Gelder (NL) 1993

Compositeur(s) Sweelinck
Descriptif orgue(s)A (I) Leiden, NL, Pieterskerk. Van Hagerbeer (NL) 1643/Verschueren (NL) 1998. III/36
B (II/1-3) Alkmaar, NL, Grote of St-Laurenskerk. Van Covelens (NL) 1511/Claes Willemszoon (NL) 1545/Allart Claeszoon (NL) 1551/Jan Jacobszoon van Lin (NL) 1625/Jacobus van Hagerbeer (NL) 1651/Flentrop (NL) 2000. II/13
C (II/4-6) Amsterdam, NL, Nieuwe Kerk. Schonat (?) 1655/van Hagerbeer (NL) 1673/Duyschot (NL) 1698/Bätz (NL) 1840/Marcussen (DK) 1981. III/48
D (III/1-6) Cuijk, NL, St-Martinuskerk. Severijn (NL) c1650/Verschueren (NL) 1992. III/33
E (III/7-12) Pistoia, IT, Prioria dello Spirito Santo. Hermans (NL) 1664/Lorenzini (IT) 1995. I/8+5/2
F (IV/1-6) Innsbruck, AT, Hofkirche. Ebert (DE) 1561/Ahrend & Brunzema (DE) 1971. II/15
G (IV/7-12) Tangermünde, DE, St. Stephanskirche. Scherer (DE) 1624/Schuke (DE) 1994. III/32
H (V/1-7) Zutphen, NL, St. Walburgskerk. Bader (DE) 1643/Timpe (NL) 1815/Reil (NL)1996. III/38
I (V/8-10) Norden, DE, Ludgerikirche. Arp Schnitger (DE) 1694/Furtwängler & Hammer (D) 1930/Ott (DE) 1959/Ahrend (DE)1985. III/4
J (VI/1-4) Pilsum, DE, Kreuzkirche. Grotian (DE) 1694/Ahrend (DE) 1991
K (VI/5-8) Wijk bij Duurstede, NL, Grote of St-Jan Baptistkerk. Kiespenning (NL) c1615/van Vulpen (NL) 1980. II/20
L (VI/9-12) Blessum, NL, Hervormde Kerk. Willem Meijnerts (NL) 1659. I/8. M (VI/13-17) Sassenheim, NL, Hervormde Kerk. Goltfus (NL) 1657/Duyschot (NL) c1700/Blank (NL) 1976/van Rossum (NL) 1999. I/7+3/2
N (VII/1-9) clavecin d'après Johannes Ruckers c1620, Sebastian Nuñez 1999
O (VII/10-16, VIII/1-6, IX) Schloß Velen (DE), clavecin Johannes Ruckers 1640
P (VIII/7-12) clavecin d'après Andreas Ruckers 1637, Herwil van Gelder (NL) 1993

Accord orgue(s)tous 555 sauf Tangermünde: 445 dans l'échelle de La Rasette razette
Programme«F» = Fantasia; «T» = Toccata; «R» = Ricercar.
Comme dans le livret, on a suivi la classification de Dirksen

CD I
1. F C3 - 2. Psalm 23 - 3. T d3 - 4. Christe qui lux est... - 5. T G3 - 6. De Tien Geboden Gods - 7. F g1 - 8. Allein zu dir... - 9. Praeludium pedaliter - 10. Onse Vader... - 11. Allein zu dir... - 12. Capriccio - 13. Malle Sijmen - 14. T F1
CD II
1. T G1/a - 2. O God, die onse Vader bist - 3. F a2 - 4. Erbarm' dich... - 5. F d1/a - 6. Wij geloven...
CD III
1. T C1/a - 2. Echo F d4 - 3. F a1 - 4. Ons is gheboren... - 5. Echo F d3 - 6. T G4 - 7. F F1 - 8. F d5 - 9. R d3 - 10. Pavana Lachrimae - 11. T d1 - 12. F G1
CD IV
1. T C3 - 2. Nun freut euch... - 3. T g4 - 4. F C5 - 5. T d2 - 6. Ballo del granduca - 7. T C3 - 8. Psalm 140 - 9. R d1 - 10. F F3 - 11. Ich ruf' zu dir... - 12. Echo F C1
CD V
1. T a3 - 2. Allein Gott... - 3. Echo F a3 - 4. F g3 - 5. Psalm 116 - 6. F g2 - 7. R a1 - 8. Herzlich Lieb... - 9. F G2 - 10. Da pacem Domine...
CD VI
1. R d2 - 2. Psalm 60 - 3. T a1 - 4. Psalm 36 - 5. Wij geloven in eenen God alleen - 6. Echo F d4/a - 7. T C3/a - 8. Jesus Christus, unser Heiland - 9. Vater unser... - 10. Es spricht... - 11. Pavana Hispanica - 12. T a3/a - 13. F G3 - 14. Psalm 5 - 15. Psalm 24 - 16. Wo Gott der Herr... - 17. F F2
CD VII
1. T G1/a - 2. Onder een linde groen - 3. F d2 - 4. T g3 - 5. F G4 - 6. T g2 - 7. Engelse Fortuin - 8. F C4 - 9. Vluchtige nimph - 10. Almande Gratie - 11. T d2 - 12. F g3 - 13. Echo F C2 - 14. Pavana Hispanica - 15. T a3 - 16. F d1
CD VIII
1. Wie schön... - 2. Pavana Philippi - 3. Poolse almande - 4. Echo F C1 - 5. T G1 - 6. Passamezzo moderno - 7. T a2 - 8. Mein junges Leben... - 9. Est-ce Mars - 10. Ons is gheboren... - 11. T a1 - 12. F F1
CD IX
1. Ik voer al over Rhijn - 2. Pavana Lachrimae - 3. F G1 - 4. T C2 - 5. Onder een Linde groen - 6. T g1 - 7. T G2 - 8. F g1 - 9. Almande Chapelle - 10. T C1 - 11. R a1 - 12. Psalm 140

CommentaireSans doute ne nous en rendions-nous pas compte, mais cette intégrale nous manquait: Sweelinck est l'un des plus grands organistes de l'histoire, son rôle dans la formation des générations qui ont permis l'éclosion du génie de Bach est capital, et la qualité constante de l'ensemble de son œuvre est remarquable. Cependant, contrairement à ce que dit Peter van Dijk, au bon vieux temps du LP, Ton Koopman avait réalisé seul, en deux coffrets Telefunken, l'un à l'orgue, l'autre au clavecin, cette entreprise monumentale, dont la présentation par Philips en un coffret de 4 CD's avait été un coup de cœur du M'O (66/19).
Ici, une quinzaine de musiciens se sont partagé la petite centaine de pièces pour clavier de l'Orphée d'Amsterdam: heureuse idée car cela devrait en principe instaurer une diversité d'approches au sein d'un grand corps somme toute pas très varié. Mais, les organistes se sont ils concertés avant d'enregistrer? Nous allons voir au contraire, que l'ensemble est, sur le plan du jeu, fort homogène.
Le jeu de Leo van Doeselaar se caractérise par une élocution très claire, des tempi larges, sans être lents, traits que l'on retrouve sur le même instrument chez Peter van Dijk: outre le fait que cette musique supporte, voire impose, ce genre de déclamation ample, sans doute le grand instrument de Leiden confirme-t-il ce choix. Bernard Winsemius met un soupçon en plus de vivacité dans son jeu et, paradoxalement, le plus latin des interprètes, Freddy Eichelberger, me semble très à l'unisson de ses collègues néerlandais: au moins la grande fantaise en écho d3 (elle se trouve dans le manuscrit liégeois des frères croisiers, et est fort à propos jouée sur un instrument d'origine liégeoise) ne pourrait-elle pas justifier des attitudes un peu plus ludiques? C'est avec un hollandais émigré en Italie, Liuwe Tamminga que l'on entend enfin un jeu moins tendu (notez bien que ces commentaires ne doivent pas forcément être pris comme une critique: la musique de Sweelinck demande probablement un jeu plus pondéré que décoratif, plus calviniste que libéré). Reinhard Jaud ajoute au flegme de ses collègues du Nord la rigueur propre à bien des organistes allemands: son Ballo del Granduca n'est pas vraiment dansant, et ses Toccatas trop raides à mon goût. Avec Stef Tuinstra, Bert Matter et Vincent van Laar, on revient à une diction articulée de bon aloi mais sans excès de fantaisie, avec toutefois chez ce dernier une jolie souplesse de phrasé.
Les trois derniers CD's se distinguent par leur couleur violette: ils sont le fait de six clavecinistes et, dès les premières mesures jouées par Pieter Dirksen, on est séduit par une vitalité, une souplesse de jeu, un déroulement à la fois expressif et intéressant qui donnent à réfléchir, d'autant que la suite du CD VII, enregistrée par Bob van Asperen, dont le jeu est un peu plus réservé, est loin de cette raideur que nous regrettions chez la plupart des organistes. Menno van Delft, Siebe Henstra et Pieter-Jan Belder sont à l'unisson de leurs collègues, et Glen Wilson, le seul non-néerlandais du groupe, paradoxalement, se montre un brin moins généreux.
Voici donc deux instruments dont le défaut essentiel est le manque de possibilités dynamiques, donc le manque d'expression. Mais alors que l'orgue bénéfice des richesses de couleurs de registrations parfois presque infinies, le clavecin est quasiment handicapé total à ce niveau. C'est pourquoi les clavecinistes jouent de tous les artifices possibles pour donner de la vie à leur discours: la souplesse agogique, la variété des attaques, les arpègements, les ornements. Il faudra que l'on m'explique pourquoi les organistes ici présents se refusent - nous refusent - ces enrichissements du discours, à mon sens essentiels. La qualité des intervenants implique le côté volontaire de cette attitude. L'explique-t-elle? Ceux qui doutent de mon avis, ou veulent s'en convaincre, trouveront quatorze œuvres enregistrées une fois au clavecin et une autre fois à l'orgue et, à chaque occasion, la même différence peut s'observer, quels que soient les interprète.

Après ce survol des neuf CD's sous l'angle des interprètes, faisons le même parcours en nous intéressant aux instruments dont il faut souligner à la fois l'extrême qualité, et la justesse parfaite. Magnifique, le grand orgue de Leiden, dont le Principal, au début du Capriccio (I/12), vaut à lui seul le détour. Grandiose, le petit orgue de chœur d'Alkmaar (dont le grand n'aurait pas déparé cette série: mon Dieu que les Pays-Bas sont riches en grands instruments en parfait état!). Magnifiques, les jeux de détails du grand Schonat de la Nieuwe Kerk d'Amsterdam, que son titulaire ne se prive pas de nous détailler dans deux variations de chorals. Ne parlons pas de Cuijk et Innsbruck, dont les mérites ne sont plus à chanter. Mais soulignons les qualités nouvelles pour les discophiles de Pistoia, un rare témoin italien de la facture d'orgues des Pays-Bas. Très beau aussi, Tangermünde, où, enfin, on entend un trait d'écriture propre à Sweelinck (et dont son élève Scheidt fera grand usage): un cantus firmus au soprano joué sur une anche de pédale très réussie; de très belles flûtes aussi, et quelques sonorités profondément sombres, fort prenantes. Zutphen, autre nouveau venu en enregistrement illustre brillamment l'influence germanique sur la facture néerlandaise. Brillant est bien le mot, quand, d'une plage à l'autre, on quitte ce lieu pour retrouver les timbres de velours de Norden, qui reste un des plus beaux orgues du monde.

Le terme «livret» ne s'applique plus, quand il s'agit d'un tel volume de 216 pages, avec couverture cartonnée, plus épais que les 9 CD's, chacun emballé séparément dans sa petite pochette de carton, rouge pour les orgues, bleue pour les clavecins, qui renseigne le programme et les minutages. Évidemment, les textes sont donnés en cinq langues, mais le lecteur, quelle que soit sa langue, aura quand même 35 pages d'un commentaire dense et fort documenté, outre le catalogue des œuvres qui repose évidemment sur les recherches les plus récentes, à savoir celles de Pieter Dirksen, signataire de l'essentiel des commentaires. Du jamais vu: dans le texte en espagnol, la prononciation des noms des musiciens est donnée en écriture phonétique: bravo, mais pourquoi dans le texte français, pour éviter à nos amis hexagonaux qui ne sont jamais arrivés à prononcer «Maastricht», ne pas appeler l'interprète B «pétère vent dichque» et son collègue A: «Leo vend doux ce lard»?
En conclusion de l'écoute de ces dix grosses heures de musique, de cette abondante lecture, et de la rédaction de ce qui, si mes souvenirs sont bons, devient la plus longue présentation de CD jamais parue dans le M'O, un beau coup de chapeau, pour honorer une réalisation remarquable, dont les trois derniers CD's, la présentation, le graphisme, le répertoire et les instruments valent bien un coup de cœur. Mes réserves portent, vous l'avez compris, sur la sévérité générale du jeu des organistes, et aussi sur l'absence totale d'un instrument qui me semble pourtant indissociablement lié à une partie du répertoire présenté: le virginal, dont maints tableaux de maîtres hollandais et flamands démontrent qu'il faisait partie intégrante de la vie quotidienne au temps de Sweelinck.

[M'O 73/16-20]

Date du commentaire01/01/1970
  
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