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Titre du CD Louis-James-Alfred Lefébure-Wely. Offertoires op. 35
Interprète(s) Joris Verdin (BE)
Éditeur Ricercar
Numéro d'édition 253
Site de l'éditeur http://www.ricercar.be
Format audio [DDD]
Date d'enregistrement XI 2006
Minutage total 76:36
Date de réception au M'O 02/05/2007
Livret 32 pages + 3 pages de Digipack (F, GB, D), composition, pas de registrations
Orgue(s) et/ou instrument(s) Rouen (FR), Abbaye de Bonsecours
Compositeur(s) Louis-James-Alfred Lefébure-Wely
Descriptif orgue(s)Bonsecours, FR, Notre-Dame
Cavaillé-Coll (FR) 1857. II/32
Accord orgue(s)444 dans l'échelle de La Rasette razette
ProgrammeLouis-James-Alfred Lefébure-Wely:
1. Offertoire (Bb) op. 35/1
2. Andante (Eb) [op. 122/5]
3. Offertoire (F) op. 35/2
4. Récit de Hautbois (Cantabile) [op. 122/3]
5. Offertoire (C) op. 35/3
6. Marche funèbre (Maestoso) [op. 122/4]
7. Offertoire (G) op. 35/4
8. Elévation ou Communion [OM VIII/4]
9. Offertoire (A) op. 35/5
10. Andante (Bb) [op. 122/1]
11. Offertoire (c) op. 35/6
12. Scène pastorale pour une inauguration d'orgue ou messe de minuit [OM IX/1]

CommentaireLa musique d'orgue de Lefébure-Wely n'est plus aussi méconnue qu'on voudrait nous le faire croire: seules deux plages de ce programme sont inédites. Et s'il est bien vrai que ceci est le «premier enregistrement mondial de l'intégrale de l'opus 35», il ne s'agit d'une véritable première que pour les deux derniers Offertoires, puisque Richard Lea, dans son intégrale en cours chez Priory a enregistré à la Metropolitan Cathedral de Liverpool les deux premiers en mai 2006 (CD_3465), le troisième en novembre de la même année (CD_2011) et le quatrième en juillet 2005 (CD_2012).

Les données imprimées dans le programme sont malheureusement approximatives: pourquoi n'y avoir pas fait figurer les numéros d'opus des cinq pièces des Meditaciones Religiosas judicieusement intercalées entre les six Offertoires? Et pourquoi attribuer la plage 8 à ce même recueil, alors qu'il s'agit de la quatrième pièce de la huitième livraison de L'Organiste moderne?
Le texte du chapitre principal a été confié à un des meilleurs «dix-neuvièmistes» français, Joël-Marie Fauquet à qui, rappelons-le, l'on doit «la» somme sur César Franck, dans la collection Fayard (B_1749). Ces lignes valent la peine d'être lues et relues, tant elles situent l'organiste Lefébure-Wely dans son temps avec intelligence et conviction. Je ne puis résister à l'envie d'en citer en les rapprochant deux phrases: Lefébure-Wely incarne le compromis esthétique destiné à ramener les fidèles dans les églises. [...] À l'église, la piété se théâtralise tandis qu'au salon, la «voix céleste» de l'harmonium, dont Lefébure-Wely joue en maître, donne aux émois sentimentaux la caution d'un frisson sacré. L'interprète (qui serait bien le Lefébure-Wely du XXIe siècle, puisque chacun sait qu'il «joue de l'harmonium en maître», lui aussi) ne reste pas en compte et en trois paragraphes bien sentis, fustige ceux qui, jouant de préférence les pièces spectaculaires, faciles voire grotesques du compositeur, donnent de lui une image fausse: ...Lefébure-Wely n'a jamais eu le mauvais goût de jouer un boléro à l'orgue d'église; les organiste du XXe siècle au contraire...

Le programme est donc composé des six Offertoires de l'opus 35 entre lesquels figurent quatre extraits des Meditaciones Religiosas, op. 122 et deux pièces tirées des douze livraisons de L'Organiste moderne, dont la célèbre Scène pastorale pour une inauguration d'orgue ou messe de minuit. Audition faite, on pourrait imaginer de procéder à l'inverse: intercaler deux ou trois Offertoires entre un plus grand nombre de pièces de l'opus 122. En effet, ces dernières sont plus inspirées, plus variées et à mon avis plus intéressantes que celles de l'opus 35 qui sont un peu calquées sur le même moule, faites de trop de progressions et répétitions, et par définition affichent la pompe caractéristique de ce moment de l'office. Et chacun connaît la ténuité de ce qui sépare le pompeux du pompier... J'ai plus entendu dans ces quatre pièces l'invention mélodique et harmonique de Lefébure-Wely que dans les formules courtes et répétées de ces six pages de «piété mondaine».

Il n'y a rien à redire à l'ordonnance de ce récital, sinon peut-être un léger problème de «profondeur de champ»: quand le fort aimable Andante en mi bémol, joué sur une suave flûte harmonique enchaîne sur le tutti initial du deuxième Offertoire, on a l'impression que l'orgue a reculé, est devenu plus lointain, ou alors que le niveau a été légèrement baissé, pour éviter le choc causé par un tutti qui aurait été, par rapport à ce qui précède, fracassant. Quant au jeu de Joris Verdin, il est ce qu'on attendait: parfait, avec une réserve naturelle que l'on aurait pu franchir dans certains passages un peu opératiques, sans pour autant outrepasser les limites du bon goût et tomber dans la caricature que l'interprète déclare, à juste titre, vouloir éviter. Le choix de l'instrument est judicieux: voici un Cavaillé-Coll pas trop grand, pas trop enregistré, doté de toutes les couleurs nécessaires, dans une acoustique ni trop longue ni trop sèche. Il suffit de replonger l'oreille dans les enregistrements cités plus haut, sur l'orgue de Liverpool, pour se convaincre que cette musique demande un tel orgue et un tel interprète!

Date du commentaire27/12/2010
  
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