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Titre Le moulin et la rivière. Air et variations sur Bach
Auteur(s) Gilles Cantagrel
Éditeur Fayard
Année d'édition 1998
ISBN 2-213-60128-3
Site de l'éditeur http://www.editions-fayard.fr
Nombre de pages 664
Illustrations 3 portraits NB, 1 carte, 9 gravures, 109 exemples musicaux et reproductions de textes
Type d'ouvrage Livre
Langue de l'ouvrage F
Date de réception au M'O 17/09/1998
Table des matières Aria. Le Moulin et la Rivière. p. 11
I. L'Allemagne des villes et des princes. p. 39
II. Ein neues Lied. p. 67
III. Au nom du Père. p. 103
IV. Le discours sans paroles. p. 151
V. Une liturgie du verbe. p. 207
VI. L'opéra sacré. p. 259
VII. La Cour et la Ville. p. 323
VIII. Eclairage intime. p. 381
IX. Aus tiefer Noth. p. 441
X. Un calcul inconscient de l'âme. p. 463
XI. Mit Fried' und Freud'. p. 527
XII. Tombeaux. p. 581
Aria da capo. Le Moulin et la Rivière. p. 609
CommentaireCe livre, sous-titré Air et variations sur Bach, est vite devenu mon livre de chevet. Non que je n'aie lu quelques ouvrages sur le sujet, vous vous en doutez bien, mais parce que c'est le livre que j'aurais voulu écrire. Il faut avoir beaucoup vécu avec Bach, l'avoir aimé et respecté fort longtemps pour en parler ainsi. Et il faut avoir une très grande érudition, une curiosité insatiable, une sensibilité à une culture bien étrangère à notre monde latin, pour écrire ceci. Je ne dirai rien de l'intelligence qui se manifeste dans le moindre détail, et jusque dans le choix des titres des chapitres, chacun procurant au lecteur, qui comprend, un sourire... d'intelligence.
Gilles Cantagrel, à qui on doit, chez le même éditeur, la direction du Guide de la Musique d'orgue, était déjà, avec Bach en son temps (1997), devenu l'inséparable compagnon de l'amateur de Bach francophone. Dans ce livre-là, il reprenait la vie et l'œuvre du grand Cantor suivant la méthodique chronologie qu'imposait la lecture et le simple commentaire de tous les textes de l'époque, source de toute connaissance sur le compositeur. Cette fois, c'est plutôt de l'extérieur qu'il aborde ce microcosme, le pénétrant de part en part suivant un axe, puis suivant un autre, jusqu'à en avoir ausculté toutes les facettes. Ce qui nous vaut des mises en situation précieuses, sur le plan historique, politique et social par exemple, des synthèses passionnantes sur les formes, la liturgie, les pratiques musicales de l'époque, l'enseignement et tous les autres domaines qui, de près ou de loin, touchent au sujet.
Sévère avec les tenants de la «numérologie simpliste à la mode», Gilles Cantagrel ose risquer lui même l'une ou l'autre spéculation, assimilant par exemple la Fantaisie et Fugue en sol mineur à un tombeau de Maria Barbara. Si parfois un léger battement s'installe entre le lecteur et l'auteur, comme celui d'une quinte très légèrement tempérée, c'est quand même avec la plus grande joie que j'ai parcouru ces quelque six cents pages et que, comme l'auteur dans le plan de son ouvrage, j'ai immédiatement abordé un da capo rafraîchissant et tout aussi passionnant.
L'auteur a tout lu, tout digéré sur son sujet, et son texte est émaillé de citations, tant bibliographiques que littéraires (Ah, cette phrase de Leibnitz!
La musique est un exercice secret d'arithmétique de l'esprit ignorant qu'il compte).
Et, comble de bonheur, on sent que ce travail rigoureux, scientifique, documenté, humain et sensible, a été écrit par un homme de musique. Car seul un musicien peut parler ainsi de l'orgue: Et que dire des claviers de l'orgue, de la machine dominée! Corps à corps, oui, quotidien, essentiel, vital. Affrontement victorieux de la bête maîtrisée, rendue docile à toutes les injonctions du maître. Joie mâle, irradiante, de la difficulté vaincue, du défi relevé.

[M'O 54/50]
Date du commentaire8/03/2010
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