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Titre 2000 ans d'Orgues. De Ktésibios à Jean-Sébastien Bach
Auteur(s) Jean-Marie Martinet
Éditeur Gérard Louis
Année d'édition 2006
ISBN 2-914554-66-4
Site de l'éditeur http://www.gerard-louis.com
Nombre de pages 264
Illustrations Photos: 13 NB, 39 C; 58 dessins, 54 schémas, 16 cartes
Type d'ouvrage Livre
Langue de l'ouvrage F
Date de réception au M'O 21/08/2006
Table des matières Préface (André Isoir). 6
Avant propos. 8
Introduction. 12

I - Préliminaires
 • La machine orgue. 15
 • Les sources documentaires. 20
 • L’orgue, aux racines du mot. 23
II - Le mécanicien Ktésibios
 • Ktésibios d’Alexandrie. 27
 • Des machines de guerre aux orgues hydrauliques. 49
III - L’orgue hydraulique
 • L’hydraulis de Ktésibios. 65
 • A la pointe de la technique: le modèle d’orgue de Vitruve. 78
 • L’orgue hydraulique: apogée et destin. 86
IV - Vers l’orgue à soufflet
 • Soufflerie hydraulique ou pompe à soufflet? 105
 • Dans la tradition de Vitruve: l’hydra d’Aquincum. 113
 • Facture d’orgues au IVe siècle: les grandes orgues de l’obélisque de Théodose. 124
V - Le rameau oriental
 • Dix siècles d’orgues byzantins. 133
 • L’orgue en terre d’Islam. 149
Épilogue
 • Le retour: des monastères aux cathédrales. 185
Conclusion. 205
Annexes
 • 1. Répertoire des sources documentaires. 214
 • 2. Du clavier. 218
 • 3. Tuyaux à bouche et tuyaux à anche. 219
 • 4. Un orgue « hydraulique » à Tivoli. 221
 • Lexique. 223
 • Répertoire des personnages cités. 231
 • Chronologie des Empereurs et souverains cités. 241
 • Aperçu chronologique. 242

[Index]. 246
Bibliographie. 252
[Table des illustrations]. 254
[Table des matières]. 258
CommentaireJusqu'à la parution de ce livre, l'ouvrage de référence en français sur l'orgue de l'antiquité était L'orgue de ses origines hellénistiques à la fin du XIIIe siècle de Jean Perrot, paru aux éditions Picard à Paris en 1965 et épuisé depuis longtemps. Rien que par le nombre de citations qu'il fait de son prédécesseur, l'auteur, un ingénieur passionné par l'antiquité, lui rend hommage dans chacun de ses chapitres.

Le sous-titre de l'ouvrage est plus important que le titre: il faut bien savoir que l'on parle ici des origines de notre instrument, et non pas de son histoire moderne. Il aurait été plus réaliste – mais moins accrocheur – d'intituler l'ouvrage 14 (quel beau nombre!) siècles d'orgues… Pour s'en convaincre, il suffit d'observer l'aperçu chronologique des pp. 242-245: l'histoire des origines à 1320 comprend 116 dates. Celle de 1320 à 1766 (Dom Bedos), dans un bel esprit de synthèse… tout juste dix!

L'histoire de l'orgue depuis son invention par Ktésibios d'Alexandrie est passionnante et pose bon nombre de questions: l'orgue des origines est somme toute une machine beaucoup plus complexe que l'instrument moderne, qui lui-même n'est pas d'une simplicité extrême. Le fonctionnement des pistons, pour obtenir le vent, et le système primitif permettant d'alimenter chaque tuyau en vent et donc de le faire sonner, sont décrits par de multiples schémas. L'invention du clavier, l'apparition des soufflets sont des découvertes importantes, minutieusement décrites. La partie la plus captivante de l'ouvrage est probablement celle qui se consacre au rameau oriental (dix siècles d'orgues byzantins) et à l'orgue en terre d'Islam. C'est sans doute un des chapitres les moins connus de l'histoire de l'instrument, et on n'insistera jamais assez sur le rôle de catalyseur du monde islamique qui, après nous avoir rendu l'orgue hérité des Romains, l'a lui-même abandonné…

Tout cette histoire s'appuie sur une grosse centaine de sources documentaires: outre plusieurs textes anciens, inscriptions, graffiti, terres cuites, vases, stèles, sarcophages, lampes à huile, mosaïques (dont la célèbre mosaïque de Nennig, entre Luxembourg et Trier), contorniates (médailles frappées à l'occasion des jeux du cirque, où l'orgue jouait un rôle qui reste à bien définir…). Leur liste, pp. 214-216, permet de voir que deux seulement sur 114 n'étaient pas connus par Jean Perrot. Mais pourquoi cette liste numérote-t-elle les objets de 1 à 138? Il y a donc 24 absents! Dans le tableau de la page 151, qui les divise en sources Occidentales et Orientales/Africaines avant de les répartir dans le temps, par siècle, on observe encore plus d'absents…

L'ouvrage est largement mis en page, et agréable à lire, généreusement enrichi de nombreux schémas, de trop peu de photos en noir et blanc, et de deux cahiers de photos en couleurs d'assez médiocre qualité. On n'en voudra pas à l'auteur, dans ses illustrations d'instruments modernes, d'être sensiblement latin pour le premier cahier d'illustrations en couleurs, voire même hexagonal, et même presque exclusivement PACA pour le second (note pour les lecteurs non gaulois: PACA = région Provence, Alpes, Côte d'Azur). Quand même, passer sous silence tout le monde germanique de l'orgue (à l'exception de l'apparition pas vraiment justifiée du nom de Bach dans le titre) est assez réducteur. Et cela dérangera les lecteurs allemands francophones, qui sont plus nombreux qu'on le pense... Outre la bonne centaine de schémas et illustrations, le lecteur curieux appréciera le lexique et le répertoire des personnages cités, avec notices biographiques sur tous les Grecs et Romains qui, de près ou de loin, interviennent dans cette histoire.

La bibliographie, qui comprend 64 titres, est presque exclusivement francophone: même De Organographia, deuxième volume du célèbre Syntagma Musicum de Michael Praetorius n'est cité que pour l'édition (traduite en français) du CNRS. Et si on peut lire sous ce titre «Kassel, Bahrenreiter [Sic], 1958», il n'est pas fait mention de l'édition originale de 1619, ni même de la traduction française de Jacques Leguy (Éditions Ars Musicæ, 1999). À côté de 59 titres en français, on trouve trois ouvrages en anglais, un en allemand et un en italien, alors que la proportion est sans doute inverse dans l'ensemble de la littérature. C'est ainsi que le lecteur n'aura pas connaissance de l'ouvrage capital de Melinda Kaba, publié en 1976: Die Römische Orgel von Aquincum, rapport scientifique extrêmement complet sur l'orgue retrouvé près de Budapest, documenté, entre autres, par un nombre impressionnant de photos de touts ses pièces. Ceux qui connaissent la photo magnifique de la vitrine contenant l'ensemble de ces pièces s'attendaient certes à la retrouver ici. N'aurait-il pas fallu citer le facteur d'orgues allemand Oscar Walcker, qui avait dès 1913 construit un modèle d'hydraule, et évoque sa visite des fouilles d'Aquincum en 1939 dans ses Erinnerungen eines Orgelbauers? Et, parlant de reconstitutions, évoquer celle du petit-fils de Walcker, Werner Walcker-Mayer, réalisée en 1969, et faisant l'objet d'un rapport complet: The Roman Organ of Aquincum, publié en 1972?

L'ouvrage pêche également dans le domaine des publications les plus récentes: comment ignorer un des derniers livres de Peter Williams? The organ in western culture (absent de la bibliographie…) couvre en 379 pages denses et extrêmement documentées l'histoire de l'orgue de 750 à 1250. Il avait reçu un coup de cœur dans le M'O 07/18-19 en 1994. S'il cite bien la découverte en 1992 des vestiges d'un hydraule en Macédoine (à Dion), mais ne les fait pas figurer dans la liste des sources documentaires, l'auteur ne dit pas mot des quelques vestiges découverts récemment à Avenches (Suisse) et exposées au Musée Romain de la ville, qui ont fait l'objet d'une belle publication en allemand avec résumés en français: Die römische Orgel aus Avenches/Aventicum (Documents du Musée Romain d'Avenches 8, par Friedrich Jakob, Markus Leuthard, Alexander C. Voûte et Anne Hochuli-Gysel).

Une dernière lacune bibliographique, qu'un organiste belge regrettera particulièrement: dans la troisième partie de son Cours d'orgues en quatre parties, Clément Loret, ancien élève au Conservatoire royal de Bruxelles dans la classe de Lemmens, et professeur à Paris, à l'école de musique religieuse de Niedermeyer, est un des tout premiers auteurs à étudier l'orgue hydraulique, dont il donne plusieurs schémas d'une grande clarté!

On l'aura compris: le livre de Jean-Marie Martinet aurait pu être plus rigoureux. Pour autant que l'on soit limité à la langue française, il sera un must (en français: «à ne pas manquer»). Mais le lecteur possédant d'autres langues, ou une certaine érudition, fera son miel ailleurs. Par exemple en consultant l'article de Philippe Fleury, avec schémas animés de fonctionnement et bibliographie complète et bien à jour (mais ne citant pas le livre de Martinet…) http://www.unicaen.fr/services/cireve/ersam/machines.php?fichier=/orgues/orgue
Date du commentaire1/01/2010
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